A sa manière, Djabir Aïssa Saïd-Guerni est un artiste. Pas du show bizz, mais des pistes d'athlétisme. Son sport de prédilection. Une passion que le père bien- aimé, qui le couve comme personne d'autre ne saurait le faire, sait lui transmettre. Le père et le fils, unis comme un seul homme, vont entamer une aventure extraordinaire qui les mènera des minables cendrées des temps difficiles aux plus belles pistes du monde. Jusqu'à ce merveilleux après-midi d'un certain mois d'août 2003 où, en cet été finissant, un gosse né chez nous, formé chez nous, va courir plus vite que tout le monde. En 1 minute 44 secondes et des poussières, porté par une poignée de supporters, sous le regard étonné d'abord, admiratif ensuite, d'un public habitué à d'autres stars, il avale le 800m pour être le premier sur la plus haute marche du podium. La vie du père et du fils bascule dans une autre dimension. Et lorsque, les larmes au bord des yeux, il voit monter haut dans le ciel de France le drapeau de l'Algérie, il se rend soudainement compte de l'incroyable portée de l'inimaginable exploit qu'il vient d'accomplir. A des milliers de km du Stade de France, c'est tout un peuple qui chavire de fierté. L'artiste quitte la piste, sans se retourner, sans tomber de son piédestal. Avec, peut- être, des regrets…On ne le verra plus courir : Djabir Aïssa entre vivant dans la Légende des dieux du stade.